domingo, noviembre 06, 2005

Las flores del mal

Baudelaire sous l'effet du haschisch
Caricature de Baudelaire par lui-même se représentant sous l'influence du haschisch. A 23 ans, Baudelaire nous offre une vision de sa personne sous les traits d'un fier dandy tournant le dos au monde, peut-être même au dessus du monde.
Date : 1844




Les Fleurs du mal Première édition

XLV LE POISON


Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.


L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Projette l'illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au-delà de sa capacité.



Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers ;
— Mes songes viennent en foule
Pour se désaltérer à ces gouffres amers.


Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort !




Con maravilloso lujo el vino sabe
adornar el tugurio más sórdido,
crea fabulosos pórticos
en el oro de sus rojizos vapores,
como sol poniente en encapotado cielo.

El opio amplía lo inmenso,
Ensancha lo ilimitado,
ahonda el tiempo, cava en la voluptuosidad,
y al alma deja rebosante,
de placeres oscuros y melancólicos.

Mas todo eso no iguala el veneno que mana
de tus ojos, de tus miradas verdes,
lagos donde mi alma tiembla y se refleja al revés…
En tropel acuden mis ensueños
para abreviarse en tus abismos amargos.

Todo eso no iguala el terrible prodigio
de tu saliva verdaderamente mordiente
que en el olvido hunde a mi alma sin mancha
y, arrastrando el vértigo,
¡desfalleciente la empuja a las orillas de la muerte!



Recomiendo pasarse por
Charles Baudelaire eso sí comentaros que está en francés. Que mejor que el perfume de las Flores del Mal, para esta deprimente y oscura tarde fría de domingo...Sí, lo sé, me callo, no sigo...